Tribune | Les groupes de niveau au collège : choc ou précipitation ?
In an op-ed for the french magazine L'Obs, the leaders of the 'Innovation, data and experiments in education' (IDEE) programme, a consortium of education research labs under the Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) Europe, respond to the education reforms proposed by France's Minister of National Education and Youth, Gabriel Attal. In particular, his plan to distribute middle school students into three levels in mathematics and French throughout their schooling, pointing out that the scientific community has not reached a consensus on whether this improves academic results and reiterating the need to scientifically test policies before implementation.
En réponse à la publication de l’enquête internationale Pisa, qui montre des résultats scolaires en recul, le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, a annoncé un « choc des savoirs » reposant sur un grand nombre de mesures. Parmi les plus radicales, la répartition des collégiens dans trois groupes de niveau en mathématiques et en français tout au long de leur scolarité.
Nous pensons qu’il est indispensable d’expérimenter et d’évaluer cette réforme avant de la généraliser, car il existe trop d’inconnues sur ses effets potentiels : le choc n’est pas nécessairement la précipitation.
Le programme Innovations, Données et Expérimentations en Education (Idee), piloté par la branche Europe du centre de recherche international J-PAL [qui conduit des évaluations d’impact « randomisées » en matière de politiques sociales, NDLR], a récemment produit une note intitulée « Différenciation des apprentissages : quelles modalités pour quels impacts ? » qui présente les résultats de la recherche scientifique sur les modalités de regroupement des élèves. Cette synthèse démontre qu’il n’y a aucun bénéfice à regrouper les élèves de façon permanente, comme c’est le cas avec les classes de niveau ou le redoublement. En revanche, les données probantes existantes suggèrent que les regroupements flexibles et transitoires, comme les groupes de besoin au sein de la classe, produisent des résultats plus encourageants. La flexibilité permet de réduire la stigmatisation induite par la constitution de groupes permanents, car une organisation trop rigide risque de renforcer la vision fixiste de l’intelligence que peuvent avoir les élèves, et qui peut être entretenue par les attentes des enseignants.